Protestants de Basse-Normandie

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Nous sommes trois ans après la révocation de l’édit de Nantes et les abjurations forcées des dragonnades. L’émigration a déjà bouleversé les familles et le mouvement va s’accentuer encore.

RAPPEL de quelques dates :

• Octobre 1517 : déclenchement de la réforme d’après les thèses de Luther.
• Mai 1559 : organisation de l’Eglise réformée de France.
• 1562 - 1598 : guerres de religion en France.
• Avril 1598 : Edit de Nantes qui donne un statut aux protestants - les pasteurs doivent tenir les mêmes registres que les curés.
• Octobre 1685 : révocation de l’Edit de Nantes. Culte protestant interdit.
• 1685-1787 : culte protestant clandestin - c’est la période “du désert” - Les pasteurs sont hors la loi - les mariages se font par actes notariés - les inhumations la nuit dans les jardins.
• Novembre 1787 : édit de “tolérance” qui accorde un état civil aux protestants - régularisation des mariages aux bailliages (réhabilitations).
• Avril 1802 (germinal an X) : officialisation et organisation du culte protestant et de l’Eglise réformée de France.
• Décembre 1905 : séparation de l’église et de l’Etat qui devient laïque.

Les documents découverts en 2001-2002 aux A.D. du Calvados, concerne des rôles de nouveaux convertis (cote 6 G 651) et correspondent aux enquêtes demandées, aux prêtres desservants, par les intendants. Ils précisent la position des protestants ayant abjuré après la révocation, de l’édit de Nantes (1685). C’est à cette date que commença la période dite « du Désert » après la destruction des derniers temples. Les assemblées, avaient lieu, le plus souvent en dehors de tout lieux habités. Baptêmes, mariages y étaient célébrés, les enterrements se faisaient discrètement de nuit où il était possible.

Depuis 1681, les dragons avaient eu ordre de convertir, en toute liberté, quant au choix des moyens. Il leur étaient cependant défendu de tuer… mais un accident pouvait toujours arriver. Arrivant dans les villages au cris de “aux Huguenots, aux Calvinistes", ils étaient dirigés par les curés qui demandaient aux habitants s’ils voulaient changer de religion. Quand ces derniers refusaient, les soldats étaient logés chez eux avec leurs chevaux. Installés dans les maisons ; ils y vivaient à leur guise et se livraient à toutes sortes d’excès, pouvant briser mobilier et battre leurs hôtes obligés, jusqu’à ce qu’ils se disent convertis.

Une seconde dragonnade eut lieu en 1685, visant ceux qui avaient résisté et ne s’étaient pas, malgré les interdictions,enfuis à l’étranger. L’épouvante du vécu précédent, contribua à des conversions en masse. Les “Nouveaux Convertis ou Nouveaux Catholiques", devaient faire baptiser “à l’église catholique apostolique et romaine” leurs enfants pour qu’ils aient existence légale.

La documentation ci-après constitue un essai de reconstitution des familles de ces nouveaux convertis. Sont concernés les doyennés suivants de l’évèché de Bayeux :

• Trévières : paroisses d’Englesqueville - St Pierre du Mont - Vierville - St Clément s/ le Vey - St Germain du Pert - Osmanville - Maisy - Aignerville - Engranville - Ecrammeville - Cardonville - Estanville - Geffossé - Canchy - La Cambe - Asnières - Louvières - Deux-Jumeaux (paru Colp. n° 54 et 58).
• Fontenay le Pesnel : paroisse de Noyers (paru Colp. n° 62)
• Villers Bocage : paroisse de Villy (voir ci-après)
• Campigny : paroisse de Barbeville (voir ci-après)
• Couvains : paroisses de Vouilly - Mestry – Collombières (voir ci-après)
• Condé sur Noireau : paroisses de : St Pierre du Regard - Aubusson - St Georges des Groseillers – (voir ci-après) - La Bazoque - St Vigor d’Athis – Cahan – Berjou – Montsecret – Fresnes – Tinchebray – Montilly - Ste Honorine la Chardonne (paru Colp. n° 70) – Condé s/Noireau (paru Colp. n° 66 et 68)